L'Association des Hommes du Luxembourg (AHL) est gravement
préoccupée par le phénomène, malheureusement fort répandu, de la
non-représentation des enfants.
Il est connu qu'au Grand-Duché le droit de garde des enfants
communs en cas de séparation ou de divorce des parents est accordé en
règle générale à la mère, sauf dans quelques très rares exceptions. Au cours des
semaines à venir, l'AHL prendra encore position sur cette pratique
discriminatoire, qu'elle juge inacceptable.
Un droit de visite et d'hébergement est consenti au père,
souvent une fin de semaine sur deux et la moitié des vacances
scolaires.
Ce droit de visite accordé au père, déjà trop limité, n'est pas
respecté par de nombreuses mères. On parle de " non-représentation "
d'un enfant, lorsque le parent gardien refuse indûment de représenter un enfant
mineur à la personne qui a le droit de le réclamer.
L'AHL souligne que, conformément à la Convention Internationale
des Droits de l'Enfant (résolution 44/25 de l'Assemblée générale des Nations
Unies du 20 novembre 1989), qui, au Luxembourg, a été ratifiée en date du 7 mars
1994 et a donc force de loi, il fait partie des droits de l'enfant "
séparé de ses deux parents ou de l'un d'eux d'entretenir régulièrement des
relations personnelles et des contacts directs avec ses deux parents " (Art.
9.3.) et que les Etats parties s'emploient de leur mieux à assurer la
reconnaissance du principe selon lequel " les deux parents ont une
responsabilité commune pour ce qui est d'élever l'enfant et d'assurer son
développement " (Art.18). Ainsi, le père doit pouvoir exercer une influence et
un droit de surveillance réels sur l'éducation de ses enfants, comme c'est
prévu en principe aussi à l'article 372 (jurisprudence Cour, 7 novembre 1990,
28,93) ainsi qu'à l'article 378 du Code civil.
La non-représentation d'un enfant est un comportement d'une
grande cruauté à la fois à l'égard de l'enfant et à l'égard du père. Il n'est
malheureusement pas rare que des pères ne peuvent pas voir leurs enfants pendant
plusieurs années. Ceci leur cause d'énormes souffrances humaines auxquelles les
autorités politiques et judiciaires semblent toutefois être insensibles.
La souffrance des pères a plusieurs facettes. D'abord, les
enfants, qu'ils ne voient que rarement, leur manquent cruellement. Ensuite,
lorsqu'ils se rendent à l'endroit où ils sont supposés voir leurs enfants ils
sont souvent pleins d'inquiétudes voire d'angoisses car ils ne savent jamais à
l'avance s'ils pourront réellement avoir un contact avec leurs enfants.
Finalement, si les enfants ne sont pas représentés, ils quittent cet endroit
dans un profond désespoir, d'autant plus grave qu'ils peuvent être certains que
les tribunaux luxembourgeois ne leur accorderont pratiquement aucune aide.
Les enfants sont des êtres fragiles, dont la psychologie est en
phase de construction. Souvent, les mères, qui ne représentent pas les
enfants à leur père, veulent accaparer un enfant de façon possessive ou
entendent l'instrumentaliser par vindicte. Il s'agit d'un phénomène d'emprise et
de manipulation qui vise à obtenir une " aliénation parentale ". La mère cherche
à couper l'enfant du père pour diminuer le rôle qu'il joue dans la vie des
enfants. Ceci n'est rien d'autre qu'un abus de l'autorité parentale pour inciter
l'enfant à rompre tout lien affectif avec son père auparavant aimé, sans aucun
motif et en discordance avec la réalité des faits. Parfois elle agit ainsi par
jalousie si le père a pu établir une nouvelle relation avec une autre femme.
Fréquemment, la non-représentation des enfants est aussi un moyen de chantage
pour essayer d'extorquer plus d'argent ou d'autres avantages matériels du
père. Souvent la non-représentation est accompagnée de toute une
panoplie d'autres mesures qui servent à rompre les relations entre les enfants
et leur père : coupures voire suppression des contacts téléphoniques entre le
père et ses enfants, contrôle du courrier, etc.
Certaines mères ont tellement peu de scrupules et sont si
désireuses d'exclure définitivement leur ancien conjoint de la vie de leurs
enfants qu'elles n'hésitent pas à recourir à des allégations mensongères et
diffamatoires de violence, d'attouchement ou d'abus sexuels, ce qu'on appelle
alors les " prétextes protectionnels ". De telles accusations sont fréquentes
dans des disputes relatives au droit de garde ou au droit de visite et
d'hébergement et elles sont presque toujours dénuées de tout fondement.
Les enfants privés de leur père subissent des conséquences
psychologiques néfastes à long terme. Dans les cas où les enfants sont entendus
par les tribunaux, ils sont souvent manipulés par leur mère et sont
inéluctablement victimes de conflits de loyauté entre le " parent gardien " et
leur père. Il est traumatisant pour un enfant d'être pris ainsi en otage et de
devoir prétendre " ne plus vouloir voir son père " dans le seul but de faire
plaisir à sa mère.
La non-représentation d'un enfant est
ainsi une forme de maltraitance particulièrement destructrice des enfants. Les
psychiatres parlent de " parricide psychologique " ou d'un " orphelinat
artificiel " qui peuvent faire naître des attitudes pathologiques. Les enfants
sont ainsi les principales victimes de la non-représentation des enfants avec
des conséquences négatives à moyen terme pour toute la société.
Il y a lieu de rappeler que la non-représentation d'un enfant
est un délit pour lequel le Code pénal luxembourgeois prévoit dans son article
371-1 que :
"Art . 371-1. (L. 10 août 1992) Seront punis d'un
emprisonnement de huit jours à deux ans et d'une amende de 251 euros à
2000 euros ou d'une de ces peines seulement, les père, mère et autres personnes
qui soustrairont ou tenteront de soustraire un mineur aux mesures qui doivent
être prises à son égard par application des dispositions de la loi sur la
protection de la jeunesse, ou en vertu d'une décision, même provisoire, d'une
autorité judiciaire, qui le soustrairont ou tenteront de le soustraire à la
garde de ceux auxquels il a été confié, qui ne le représenteront pas à ceux qui
ont le droit de le réclamer, l'enlèveront ou le feront enlever, même de son
consentement. Si le coupable avait encouru la déchéance totale ou partielle de
l'autorité parentale sur l'enfant, l'emprisonnement pourra être élevé jusqu'à
trois ans."
Il est noté que la résistance des enfants ou leur aversion à
l'égard de la personne qui les réclame ne saurait constituer, pour celui qui a
l'obligation de les représenter, ni une excuse légale, ni un fait justificatif.
Il n'en est autrement que lorsque le prévenu a en vain usé de son autorité et
que seules des circonstances, telles que la situation de fait des enfants, leur
âge ou leur état de santé, l'ont empêché d'exécuter son obligation.
Cour 21 avril 1986, P. 26, 384.
A son plus grand regret, l'AHL doit constater que, contrairement
à l'esprit de la loi, les acteurs politiques, sociaux et judiciaires sont trop
souvent complaisants et encouragent ainsi, souvent par inertie, des
comportements irresponsables et délictuels !
Les pères qui rencontrent des problèmes au niveau du droit de
visite et d'hébergement ne trouvent pas ou peu de soutien auprès des autorités
judiciaires luxembourgeoises. Même dans des situations claires et évidentes, les
tribunaux n'appliquent que rarement la loi et tendent ainsi à favoriser
systématiquement les mères qui ne représentent pas leurs enfants.
L'AHL regrette que la violation des droits des pères conduit
souvent en même temps au non-respect des droits des grands-parents du côté
paternel de voir leurs petits-enfants.
L'AHL est révoltée
par le fait que certains pères, qui n'ont parfois pas pu voir leurs enfants
pendant des années, peuvent être doublement punis. En effet, il arrive que les
tribunaux estiment que cette absence de contacts prolongée aurait aliéné les
enfants de leur père et que pour cette raison il vaudrait mieux ne pas renouer
ce contact. Un comportement fautif de la mère est ainsi opposé au père innocent
et la mère délinquante est de fait récompensée par le système judiciaire au lieu
d'être punie !
L'AHL n'est pas disposée à accepter une telle situation
!
L'AHL entend préciser qu'elle ne cherche pas à demander des
avantages indus aux pères mais que sa démarche vise à assurer entre autres que
les pères soient enfin traités d'une façon comparable aux mères.
Par conséquent:
1. Quant aux peines pour le parent gardien qui ne représente pas
un enfant à l'autre parent
L'AHL revendique une révision de l'article 371-1 du Code pénal
dans le but d'augmenter encore les peines prévues et de prévoir une peine de
trois ans de prison et/ou une amende de 50.000 Euros. L'AHL constate que les
peines prévues à l'étranger en cas de non-représentation d'un enfant sont
souvent beaucoup plus lourdes qu'au Luxembourg.
En même temps, en cas d'une infraction unique ou mineure, il
devrait être possible :
- de fixer une astreinte qui ne peut être inférieure à 1.000
Euros, - de condamner le parent coupable à des travaux d'intérêt
public.
L'AHL estime que la diversification et la graduation des peines
permettra aux tribunaux de faire appel plus facilement à toute la force de la
loi afin de protéger les intérêts des pères et des enfants. Les possibilités qui
existent déjà à cet égard devraient être utilisées plus systématiquement par les
tribunaux.
Tout constat de non-représentation d'enfant par le juge (y
inclus de référé ou du tribunal de la Jeunesse par saisine expresse), ainsi qu'a
fortiori toute condamnation pour non-représentation d'enfant doit donner lieu à
un changement automatique et avec effet immédiat du droit de garde au bénéfice
du père, si celui-ci le demande. En effet, la non-représentation de l'enfant par
le parent gardien prouve à suffisance que ce parent est incapable d'assurer le
bien de l'enfant.
Surtout, l'AHL demande au Ministère de la Justice et au Parquet
de changer leur attitude laxiste à l'égard de la non-représentation des enfants
afin que les lois qui existent déjà en la matière soient enfin appliquées
!
L'AHL exige qu'il soit mis définitivement fin à l'impunité
des parents gardiens qui refusent de représenter un enfant.
2. Quant aux plaintes déposées par les pères en cas de
non-représentation des enfants
L'AHL prie instamment la Police grand-ducale et le Parquet de
prendre au sérieux les plaintes déposées, de toujours enregistrer ces plaintes,
de ne jamais les classer sans suites et de leur accorder une grande
priorité. L'AHL demande au Parquet de toujours informer les pères des
suites données à leurs plaintes. Si toutefois, pour des raisons impérieuses, le
Parquet optait pour classer une telle plainte à titre tout à fait exceptionnel,
il devrait motiver cet acte par écrit et le notifier au père afin qu'il puisse
prendre les mesures appropriées s'il le souhaite.
3. Quant à l'intervention de la Police sur les lieux
L'AHL prie les membres de la Police grand-ducale et les
huissiers de justice de se mettre à la disposition des pères, à leur demande,
pour constater les faits et pour déposer comme témoins. Elle leur saurait
gré de montrer de la compréhension pour la situation difficile dans laquelle se
trouvent les pères auxquels on refuse le droit de visiter et/ou d'héberger leurs
enfants.
Si le lieu où se trouve l'enfant est connu et si le père le
demande, le Parquet (représenté par le substitut de service) devrait ordonner à
la Police d'intervenir pour remettre l'enfant au père afin que celui-ci puisse
exercer son droit de visite et d'hébergement conformément aux décisions
judiciaires intervenues.
4. Quant au rôle des tribunaux :
L'AHL demande aux magistrats de veiller à la crédibilité du
système judiciaire, d'assurer le respect de la loi et des décisions judiciaires
déjà prises et de prendre des jugements clairs et non ambigus qui respectent les
droits des pères. La non-représentation d'un enfant n'est en
aucun cas une " petite affaire ", présumée insignifiante, qu'un
Tribunal peut se permettre de ne point considérer!
Il faut notamment que la justice intervienne très rapidement en
cas de non-représentation d'un enfant, en tout cas beaucoup plus rapidement que
cela ne se fait actuellement. La réaction juridique doit être ferme,
contraignante et claire.
La rapidité de l'intervention de la justice est en effet un
facteur-clé pour prévenir toute tentative d'aliénation de l'enfant. Dans les cas
de non-représentation, une décision judiciaire devrait intervenir endéans un
délai maximal de huit jours à partir de la date du dépôt de la plainte par le
père, sans possibilité pour le parent gardien de demander un report.
L'AHL demande en particulier beaucoup plus de rigueur aux
Tribunaux en cas de présentation de certificats médicaux de complaisance,
d'activités imaginaires ou prétextées des enfants, d'absences aux rendez-vous
fixés et de mille autres stratagèmes utilisés couramment pour miner les droits
des pères.
Les frais occasionnés aux pères qui se sont déplacés pour
prendre leurs enfants et qui se sont vus confrontés à une non-représentation de
leur enfant doivent toujours être remboursés en entier par le parent gardien.
Pour le cas où le père doit verser une pension alimentaire à titre personnel à
la mère, ces frais peuvent être directement déduits de cette pension par le père
sur production de quittances, billets ou autres documents faisant
foi.
Dans tous les cas, les journées perdues au titre du droit de
visite et d'hébergement par la non-représentation d'un enfant doivent être
pleinement récupérables par le parent non gardien !
L'AHL est a priori disposée à étudier des modèles de médiation
familiale dans la mesure où de tels mécanismes ne servent pas à affaiblir de
nouveau les droits des pères ou à faire traîner les procédures. Elle salue le
rôle des rares centres au Luxembourg où les pères peuvent rencontrer leurs
enfants dans un endroit appelé " neutre ". Parfois, c'est leur seule chance de
rencontrer leurs enfants.
L'AHL est choquée par le fait que de nombreux avocats
spécialisés dans le droit de la famille se voient contraints à dire aux pères
que l'attitude des tribunaux serait tellement contre les hommes qu'ils ne
devraient pas s'attendre à des jugements en leur faveur. Par conséquent, l'AHL
exige un changement fondamental de l'attitude de certains magistrats afin de
garantir un traitement plus équitable des hommes. Elle demande au Ministre de la
Justice d'envisager des mesures pour protéger les droits des pères devant les
tribunaux.
L'AHL remercie tous les avocats des enfants qui se sont engagés
pour le respect des droits des pères et note avec intérêt la proposition pour la
création d'un tribunal de la famille.
5. Quant à la situation des
enfants victimes du comportement délinquant de leur mère :
L'AHL demande que les tribunaux fassent bien plus d'efforts
qu'actuellement pour détecter la manipulation éventuelle des enfants par le
parent gardien, notamment le chantage émotionnel ou autre. Les circonstances
dans lesquelles les enfants sont entendus ne doivent pas être ouvertement en
faveur d'une des deux parties.
Le droit de visite et d'hébergement ne saurait plus être refusé
au père que dans des cas extrêmement graves, motivés en détail et susceptibles
d'appel.
6. Quant à la situation des pères
Beaucoup de pères souffrent affreusement des difficultés que
leur crée la non-représentation de leurs enfants.
L'AHL demande dès lors que la non-représentation d'un enfant
permette au père de toucher des dommages et intérêts directement déductibles
d'une éventuelle pension alimentaire à titre individuel qu'il doit verser à la
mère délinquante.
La mère coupable de non-représentation d'enfants doit prendre à
charge les frais d'une éventuelle assistance psychologique au père ou aux
enfants.
7. En ce qui concerne les modalités d'exécution du droit de
visite et d'hébergement
L'AHL se doit de constater que même si l'enfant est représenté
au père, la mère essaie parfois d'imposer des restrictions au père quant à
l'exercice de ses droits.
L'AHL rappelle que le père de l'enfant a le droit de voyager
librement avec ses enfants, notamment aussi pendant les vacances scolaires, et a
ainsi le droit de disposer pendant ce temps de tous les documents de voyage et
documents médicaux de ses enfants.
8. L'AHL demande que les pères des enfants dits " naturels " ne
soient jamais désavantagés par rapport aux pères des enfants dits " légitimes ",
c'est-à-dire nés pendant le mariage.
L'AHL peut être contactée par téléphone au numéro 091 308
154, par courriel à l'adresse info@ahl.lu ou par un courrier postal adressé à
son siège, AHL c/o 153, avenue de Luxembourg, L - 4940 Bascharage.